Alors imaginons le fameux Jean de la Fontaine, obligé, sur ordre de Louis XIV, de partir en voyage à Limoges en 1663 à l’issue du procès du Surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, le pauvre homme.
Dans l’esprit de Paris, le Limousin est alors une province brumeuse, humide et pauvre, avec encore quelques beaux pâturages et recoins sauvages, mais quand même une Sibérie française, où la boue remplace la neige, bien opportune pour y tenir à distance des suspects. Mais comme à toute fin malheur est bon, La Fontaine y trouvera tout de même matière à inspiration pour rédiger une « Relation d’un voyage de Paris en Limousin », sous forme de lettres adressées à sa femme et publiées de façon posthume.
Et ça continue en 1914, les vaincus de la bataille de Charleroi, le général Charles Lanrezac en tête, consacreront définitivement l’expression, en prenant eux aussi le chemin de Limoges. Allons en chœur !
Pauvre Limousin ! Eh bien, pas si pauvre que ça, figurez-vous !
Des mines d’or et d’argent exploitées par les Romains, aux 36 cardinaux limousins dont 3 papes en Avignon (quand même), en passant par Froissard, l’inlassable chroniqueur qui rapporte cette belle phrase de routiers : « Fait bel et bon voler en Auvergne et en Limousin, que meilleur ne peut faire ! »…
… le Limousin fut bel et bien une région prospère et source d’enchantement qui émut le voyageur Arthur Young au 18e siècle et inspira le peintre Jean-Baptiste Corot.
Alors, où est passé le fun des paysages bucoliques limousins ? Pourquoi toute idée de séjour à Limoges était-elle si peu réjouissante, voire même entachée d’infamie ?
Allez, je vous raconte…